SYNTHÈSE : TRANSFORMATION, MORT – RENAISSANCE
Carte à l’endroit : Mort – renaissance, transformation, nettoyage, dépouillement, laisser derrière soi, métamorphose, régénération, mourir à quelque chose, nouvelle énergie, nouvelle pulsion de vie, transition, passage, nouveau départ, libération, trancher, fin d’une période, bouleversement, disparition de l’ancien.
Carte à l’envers : Peur, résistance à la transformation, peur de l’inconnu, peur de trop chambouler, désillusion, violence, perte, découragement, auto sabotage, période chaotique, changements mal vécus, obstacles, inertie, refus du changement, séparation.
Le personnage
- Personnage décharné. La transformation touche la profondeur de l’être. Cette représentation véhicule souvent l’idée de la mort, mais il s’agit de mourir à quelque chose pour renaître à autre chose.
- Il est tourné vers la droite dans une attitude très volontaire. On va de l’avant sans questionnement. On peut imaginer qu’à ce stade, on ne pose plus de questions, tout a été préparé en amont (arcane précédent : « le pendu »). Le personnage est tourné vers l’arcane « La Tempérance », vers la sérénité, la sagesse.
- Il fauche énergiquement. La transformation est radicale.
- Sol noir. La terre noire symbolise la fertilité. Ce qui va renaître sera fécond.
- Mains, pieds, têtes coupées. Il s’agit de parties de corps. On peut imaginer qu’il se sépare de certaines parties de lui même (attachements, comportements, façons de penser,…).
L’Arcane Sans Nom et le 13
L’Arcane Sans Nom est la treizième lame du Tarot de Marseille. C’est la seule carte du tarot ne portant pas de nom. Pourquoi cette particularité ? Rien dans la littérature consacrée au tarot n’explique cette absence de nom.
Cette particularité a peut être été introduite pour que l’on s’intéresse beaucoup plus au nombre 13 qu’à un nom d’arcane. En effet, le nombre 13 a une signification particulière. Dans les religions chrétiennes, le nombre 13 et le vendredi 13 symbolisent la présence du traître Judas lors de la Cène, ce qui aurait entraîné les souffrances de Jésus et sa mort. Le 13 restera un nombre maudit, symbole de la mort.
Les superstitions liées au nombre 13, au vendredi 13 perdurent jusqu’à aujourd’hui (ne pas être 13 à table, pas de chambre 13 dans les hôtels,…).
Mort – renaissance
En regardant la silhouette du personnage, son allure brutale, sa faux, certains d’entre nous peuvent ressentir la peur la plus ancrée qui soit, celle de la mort. La Grande Faucheuse avec son squelette et sa faux a cette apparence. Mais le personnage de la carte ne porte pas la cape traditionnelle de la faucheuse. Certes, lors d’un tirage, lorsqu’un consultant fait part de son effroi en retournant cette carte, il y a lieu d’approfondir cette réaction.
La lame met en scène la mort physique pour nous suggérer la mort à quelque chose. Comme la lame est suivie d’une autre lame, l’histoire ne s’arrête pas là. Il s’agit d’une transformation, d’une renaissance, d’un mouvement énergique vers l’avant. S’il s’agit d’une mort à quelque chose, les détails contenus de la carte vont nous guider pour nommer ce ‘quelque chose’. De même, c’est en examinant les cartes précédentes (La Force, Le Pendu) et la carte suivante (La Tempérance) que nous arriverons à déchiffrer de quelle mort il s’agit et quelle sera la renaissance.
S’agit il vraiment d’un squelette ?
En première approche, on pourrait voir dans le personnage un squelette. Mais s’il s’agissait vraiment du squelette d’un mort, il serait immobile ! Au contraire, nous avons affaire à un personnage très actif, certainement le plus actif des personnages du tarot. La carte suggère une activité intense. Pour marquer cette intensité dans le mouvement, notons la couleur rouge des articulations évidemment très sollicitées dans cette activité, voir chauffées au rouge. Rappelons que le rouge symbolise l’activité.
D’autre part, on voit bien qu’il ne s’agit pas d’un squelette, mais plutôt d’un personnage décharné essentiellement au niveau des jambes et des bras. En fait, ce qui est représenté tout au moins pour les membres, c’est la partie la plus intérieure, la plus profonde de nos membres. Par analogie, c’est notre être le plus intérieur, le plus profond qui agit pour mourir à quelque chose et renaître.
Le tronc du personnage laisse bien apparaître la colonne vertébrale. La colonne vertébrale est la pièce maîtresse de notre charpente. Elle permet de nous tenir debout, de soutenir la tête, tout en permettant les mouvements de torsion, de flexion, de traction. Ceci suggère que la transformation s’effectue avec souplesse tout en reposant sur une structure solide.
Les actions sont radicales
En utilisant une faux qui tranche, l’arcane Sans Nom peut aussi suggérer la radicalité. Dans son sens premier, une action radicale est profonde, intense, totale, absolue. Dans un sens positif, la radicalité est issue d’une réflexion, d’une préparation approfondies, qui ne laissent aucun doute sur l’action à mener. Les lames précédentes, La Force et Le Pendu montrent une intense préparation à l’action pour approfondir la connaissance de soi. Le personnage de l’arcane Sans Nom n’a plus à réfléchir, il agit.
La radicalité vue sous son angle négatif, c’est à dire sans réflexion, sans préparation nous parle d’une action brutale, irréfléchie, sans fondement, issue d’un avis tranché, d’un comportement saboteur.
La faux tranche
La faux tranche dans une terre noire couverte de têtes, de mains, de pieds, d’os et de touffes d’herbe.
La terre noire symbolise la fertilité. Ce qui va renaître sera fécond, mais il faut d’abord couper ce qui n’a plus lieu d’être.
Symboliquement, les têtes, pieds, mains sont des parties de nous même que l’on élimine. Les pieds (symbole du mouvement) et les mains (symbole d’action) évoquent l’élimination de certaines façons d’agir, de nous comporter dans le monde, de nos attachements toxiques, de nos façons de penser qui n’ont plus lieu d’être.
Les têtes couronnées, que la faux tranche, se retrouvent uniquement dans les arcanes de la première décade (Papesse, Impératrice, Empereur, Pape, Chariot). Cette première décade est du domaine du ‘faire’ dans laquelle l’Empereur symbolise la maitrise du monde matériel. Plus précisément, L’Empereur agit pour survivre, avoir un toit, une famille. Dans ce domaine, quels peuvent être les comportements à corriger :
- La couronne symbolise le pouvoir personnel. Sommes nous trop autoritaires, trop dominants, trop protecteurs ? Abusons nous de notre pouvoir d‘influence sur nos proches ? Ou, au contraire, sommes nous trop effacés ?
- L’empereur symbolise notre capacité à maîtriser notre vie matérielle. Sommes nous dans l’excès dans notre relation avec l’argent, les possessions matérielles ? Sommes nous engagé dans la sobriété, le respect de notre environnement ? Ou au contraire, sommes nous trop rigoureux, trop austères ?
Le faucheur
Pour se rendre compte de la manière d’agir du personnage, on peut faire référence au faucheur. Au moyen âge, la faux a remplacé progressivement la faucille pour faucher l’herbe, les céréales. Faucher n’est pas un exercice facile. Un bon faucheur était un personnage respecté. Utiliser la faux demande de la force, de la souplesse du corps, de la précision dans le mouvement. La période propice au fauchage étant très courte dans l’année, les journées de fauchage sont très longues, harassantes. Faucher nécessite du courage, de l’endurance.
Le Mat et l’arcane Sans Nom
Le Mat et l’arcane Sans Nom sont très liés :
- Les deux lames ont une singularité opposée : le Mat n’a pas de numéro et l’arcane Sans Nom n’a pas de nom.
- Les inclinaisons du bâton du Mat et de la faux de l’arcane Sans Nom sont identiques.
- Les deux personnages sont tournés vers la droite (l’avenir) d’un même mouvement énergique.
Ce sont les seules lames du tarot montrant cette énergie dans le mouvement vers l’avenir, mais les objectifs ne sont pas les mêmes :
- Le Mat, sans numéro, nous montre qu’il ne s’agit pas d’une étape de notre développement (de 1 à 21), mais qu’il s’agit d’un potentiel à mettre dans le monde. Le Mat part dans la vie, sans expérience, sans peur, fort de son potentiel vital.
- L’arcane Sans Nom, 13ie lame, a affiné son expérience pendant les 12 premières étapes de sa vie pour agir avec précision et détermination. Porté par son travail sur soi (La Force et le Pendu), il sait qui il est et peut donc poursuivre son développement sans hésitation.
L’arcane Sans Nom dans notre évolution
Si l’on examine le tarot comme un révélateur de notre évolution de vie, on peut passer en revue quelques arcanes qui précédent l’arcane Sans Nom et aussi l’arcane suivant : la Tempérance.
- La Roue de Fortune, arcane 10, est l’arcane de transition entre la première décade du tarot et la deuxième décade. La roue de Fortune exprime le besoin de tempérance, face aux évènements de la vie. Seule une approche spirituelle nous apportera de la sérénité, de la résilience, de l’harmonie. Nous ne serons plus les êtres accrochés à la roue, subissant tour après tour, les descentes et montées.
- La Force et le Pendu, symbolisent la première étape de notre évolution spirituelle. Il s’agit de prendre conscience de qui nous sommes (la Force) et de ce que nous faisons (le Pendu). Dans cette étape, nous sommes centrés sur nous nous mêmes, dans le lâcher prise.
- Avec l’arcane Sans Nom, nous passons de l’inaction à l’action profonde sur nos comportements, notre regard sur la vie, nos croyances. C’est un changement radical, un changement de paradigme qui va nous emmener vers plus de tempérance.
- Enfin, avec la Tempérance (article à venir), nous bénéficions de toute la profondeur, de toute la puissance de notre évolution précédente. Sérénité, légèreté, souplesse d’esprit, fluidité intérieure sont le résultat du changement radical symbolisé par l’arcane Sans Nom. Nous sommes capables de tempérer les hauts et les bas de la roue de Fortune.
En se référant aux travaux de C.G. Yung, ces étapes de la vie nous rapprochent du ‘moi’ et nous permettront d’affronter notre ombre (l’arcane Le Diable).
Toujours aussi intéressant! Grand merci, je vous lis de Munich en Allemagne…